A propos de gouvernance

La gouvernance est l’art de la gestion cohérente des affaires communes à tout groupe humain constitué. Elle est donc faite d’une somme de valeurs, de principes et de méthodes qui ne peuvent être séparés.

Comment gouverner ? Et se gouverner ? : sont des questions éternelles à tous groupes humains, mais qui appellent des réponses spécifiques dans le temps et dans l’espace. Car ces réponses sont liées à la culture des acteurs concernés et aux besoins du moment. Les crises de gouvernance résultent en général des déséquilibres et des ruptures de cohésion dans le groupe.

Parler de gouvernance dans tout groupe, oblige à s’interroger, entre autres, sur : comment pense-t-on les rapports entre le collectif et l’individuel ? Comment pense t-on le rapport au pouvoir ? Comment pense t-on le rapport à la chose publique ?

La question de la gouvernance doit donc être appréhendé par rapport au contexte réel de ce qu’il faut gérer et en rapport au patrimoine institutionnel, humain et financier disponible pour ce faire. Ceci implique qu’il ne saurait exister de modèle unique et universel standard de gouvernance, mais des principes de gouvernance qui peuvent résulter d’aspiration universelle.

Les entrées possibles quant on parle de gouvernance sont : les domaines, les échelles, les principes, les méthodes, les acteurs

En ce qui concerne l’Alliance pour Refonder la Gouvernance en Afrique, notre conviction est que le cloisonnement des initiatives, des thématiques, des échelles et des stratégies est à la base des crises de la gouvernance. Notre posture est donc de réfuter toute démarche d’adaptation ou d’appropriation dans le domaine de la gouvernance, mais la refondation. C’est à dire de repenser les fondements du système de gouvernance actuel.

En conséquence, notre approche de la refondation consiste à recommander de :

1- mettre les valeurs endogènes et les principes partagés au cœur du débat :
Les valeurs et les principes sur lesquels s’adossent les modèles de gouvernance doivent être pensés à partir de référentiels communs, connus et reconnus par les populations. Les crises de gouvernance sont fondamentalement le reflet d’une crise des valeurs, notamment morale et éthique, dont la remobilisation est une condition sine qua non d’une action publique de qualité et de sociétés apaisées construites sur de forts consensus en matière de gestion de l’espace public. C’est la raison pour laquelle nous préférons le concept de gouvernance légitime, parce que la gestion des affaires publiques et l’exercice des pouvoirs qui y sont liés doivent être au service du bien commun, avec l’adhésion et sous le contrôle de ceux sur qui s’exercent ces pouvoirs.

2- mettre l’expérience des acteurs au cœur du processus de la refondation :
Notre ambition est de partir des expériences collectées au niveau des acteurs issus de différents milieux socioprofessionnels et des différents échelons territoriaux pour faire émerger des propositions. Pour nous chaque acteur est expert de sa propre réalité et mérite, à ce titre, d’être écouté parce que les propositions de reforme de la gouvernance ne doivent pas être imposées de l’extérieur, ni provenir de réflexions abstraites. Mais elles doivent être le fruit d’un croisement de regards critiques et d’expériences concrètes dont l’analyse doit servir à l’amélioration des pratiques de gouvernance.

3- articuler l’unité et la diversité :
L’évolution de nos pays démontre que l’unité nationale n’est pas exclusive de la reconnaissance de la diversité qui traverse le champ social. Bien au contraire, la participation de chaque individu, de chaque groupe aux constructions nationales dépend de la place que la collectivité accorde à l’affirmation et à l’épanouissement de son identité. Pour l’Alliance, l’unité ne se confond pas avec la négation de la diversité mais correspond plutôt à leur articulation harmonieuse.

4- articuler l’échelle locale au mondial :
Plutôt qu’un cloisonnement des échelles, nous estimons que l’amélioration de la gestion des affaires publiques passe par une articulation des échelles de territoire et une répartition des rôles et responsabilités sur la base du principe de subsidiarité active.

5-partir du local pour refonder la gouvernance :
Le niveau local est le niveau stratégique pour la refondation de la gouvernance. En s’appuyant sur une décentralisation effective, l’espace local offre la possibilité d’inventer et de mettre en application de nouveaux modes de gestion participative et légitime des affaires publiques et du développement local. Le niveau local est également clef pour : la création de richesses endogènes, l’amélioration des conditions de vie des populations ainsi que dans la prévention et la résolution de conflits.

Travailler sur la gouvernance, c’est donc se demander si ce que nous faisons tous les jours a du sens pour ceux qui sont gouvernés ? Est-ce les bons moyens d’aborder la réalité de la société telle qu’elle est ? C’est d’observer la réalité fine : a) du comportement des gestionnaires publics, b) de l’association ou non des citoyens à la production et à la répartition du bien commun, c) de la coopération des acteurs et l’articulation des échelles.

Les normes et le modèle de gouvernance valides et légitimes doivent donc êtres profondément enracinés dans la société pour être légitime Une société est bien gouvernée quant les contraintes collectives, que l’on impose au non du bien public, correspondent à des vrais besoins de la société et facilitent la réalisation d’un projet collectif.

Nos orientations stratégiques sont :
- la promotion et l’animation d’espaces de dialogue et de réflexion sur la gouvernance
- l’élaboration et la mise en débat de propositions de changement
- l’appui à la mobilisation des acteurs dans des initiatives de refondation

Ousmane SY
Coordinateur de l’alliance pour
Refonder la gouvernance en Afrique
Bamako - Mali


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Au Sahel, le besoin de refondation de l’Etat est lié à la persistance des doctrines coloniales de gouvernement

Lettre à mes frères et sœurs de la région de Mopti

Des élections précipitées ne mèneront pas à une refondation de l’Etat