Le « Mali kura » ne naîtra que du dialogue de ses territoires

A partir de 1993, la décentralisation de la gestion publique a été installée au Mali comme une stratégie majeure de la transformation de l’Etat par une meilleure mobilisation de toutes les capacités nationales. Cette mise en relation directe des besoins des acteurs locaux et la décision publique qui lui répond offre de multiples avantages que sont : i) une meilleure connaissance des attentes des populations, ii) la flexibilité dans les réponses aux attentes, iii) une meilleure possibilité de contrôle des citoyens sur les décideurs publics et iv) une possibilité de dialogue direct, donc d’un partenariat multiacteurs pour le développement du territoire.

Cette responsabilisation des acteurs qui agissent sur les territoires locaux et régionaux ne signifie en rien la démission ou la destruction de l’État. C’est au contraire la voie qui permet : i) la mobilisation de toutes les capacités et expériences endogènes du pays pour la construction nationale, ii) la promotion d’une approche de développement adapté, solidaire et harmonieux qui est facteur de paix et iii) enfin, la création de la richesse et des emplois à travers la dynamisation de l’économie sur tous les territoires. D’où l’importance de la renaissance des territoires pour un « Mali kura » prospère et en paix puisque plus uni.

Un dialogue national/régional/local ouvre la voie à une meilleure répartition des rôles et des responsabilités entre l’Etat central et les autres échelles du territoire national. Deux objectifs majeurs guident cette stratégie de stabilisation et de développement du pays. D’abord, construire la cohérence territoriale des programmes et projets nationaux, régionaux et locaux et ensuite négocier les enveloppes de financement en vue du respect des priorités sectorielles arrêtées dans le cadre du contrat entre l’Etat central et les collectivités locales pour le developpement du territoire. Pour la renaissance du Mali, ce développement doit être du « cousu sur mesure » plutôt que le  « prêt à porter » actuel qui ne tient compte ni des atouts et ni des faiblesses des différentes composantes du territoire national. 

Ce renouveau du partenariat entre l’Etat central et les collectivités décentralisées (régions et communes) se construit sur la base de trois (3) principes majeurs : 1°) le principe de l’intangibilité des pouvoirs régaliens de l’ETAT CENTRAL pour la sauvegarde de l’unité nationale, 2°) le principe de la subsidiarité, c’est à dire la recherche de l’échelle la plus pertinente et plus proche des populations que sont les COMMUNES pour le développement social, et 3°) le principe de la cohérence de l’action publique, c’est à dire unir par une communauté d’intérêts et de dépendance mutuelle qui conduit les RÉGIONS à se porter assistance pour le développent économique.

Un État ne peut être fort que s’il est un État légitime et accepté c’est dire un État auquel on obéit même si on n’est pas d’accord avec ses décisions. Cet État doit être capable de distribuer de façon équitable un service public de qualité et à proximité. Cet État sait promouvoir le développement économique par la création de la richesse et des emplois, sur les territoires. Cet État sait surtout assumer avec rigueur et impartialité ses pouvoirs régaliens (la détermination des normes et règles d’intérêt général, la défense du territoire, la garantie de la sécurité des personnes et leurs biens et de l’accès à la justice, la promotion des intérêts du pays à l’extérieur, etc...)

Le partenariat fonctionnel espéré de ce changement requiert que la commune (rurale et urbaine) ait la mission de faciliter l’accès à proximité des populations aux services publics (éducation, santé, eau potable, cadre de vie sain, etc...) sur l’ensemble du pays ; que la région soit l’échelle de la négociation national/local pour territorialisation des politiques publiques, de mise en cohérence des programmes sectorielles nationaux avec les priorités locales et d’arbitrage pour l’allocation des enveloppes financières pour l’investissement et le fonctionnement des services publiques. La région est aussi le territoire pertinent pour la partenariat public/privé pour la création de la richesse et des emplois nécessaires  au bien être et au plein emploi des toutes les maliennes et maliens ; enfin, que l’échelle nationale soit celle qui oriente, régule et veille au respect de l’intérêt général et à la solidarité entre les territoires./.

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