Que Dieu sauve le Mali (suite)

Pendant la transition, pour décrire la situation de notre pays aux nombreux visiteurs de la Présidence de la République, je comparais le Mali a un camion qui est tombé en panne en pleine brousse. Je précisais ensuite que l'objet de la transition n'était pas de réparer le camion, mais de le dépanner pour qu'il puisse atteindre le prochain garage en vu d'une réparation.
L'objet principal du dépannage consistant à ramener le pays dans une situation de normalité républicaine, suite à la reconquête de l'intégralité du territoire national, l'élection d'un Président de République plein pouvoir et la préparation des élections législatives.
Avec l'élection du Président de la République et des députés, voilà le Mali bien ré-assis. Il n'est pas encore debout, mais l'espoir est permis. C'est une question de volonté, d'engagement, de travail et de temps. Mais il faut surtout éviter de penser que la crise est passée et que l'on peut reprendre comme avant. Le Mali d'après juillet 2013 ne peut et ne doit pas ressembler au Mali d'avant mars 2012.
Un travail immense de refondation doit être préparé et engagé. La réévaluation complète de notre processus démocratique doit figurer en bonne place des nouvelles tâches politiques. A observer son évolution, depuis maintenant plus de vingt ans de pratique, je trouve que nous avons réduit la démocratie à la triptique que sont : le multipartisme, les élections et l'alternance. Aujourd'hui, ceci est en soi une des grandes faiblesses de ce processus.
Tout en rappelant la définition bien connu de la démocratie : "le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple" ; j'ajoute que la consistance d'une démocratie se mesure aussi par sa capacité à conjuguer les modalités techniques de mise en œuvre et les valeurs qui donnent sens à toutes entreprises humaines. Malheureusement au Mali, nous avons jusqu'à maintenant fait dans les modalités en occultant les valeurs.
La raison de la désaffection pour les urnes doit être rechercher aussi de ce côté si nous voulons une démocratie qui mobilise. Ne pas remettre les valeurs au centre de la politique et de la démocratie ouvre la voie à deux grandes menaces qui sont mortelles pour toute société qui aspire à la liberté. L'intrusion de plus en plus arrogante de la religion et des puissances d'argent dans la politique prépare l'affaiblissement, sinon la fin du Mali libre et démocratique.
Les réponses face à cette menace sans précédent pour notre société sont portant à notre portée. La religion et l'argent sont rentrés par la fenêtre de la maison politique quand les valeurs ont été mises à la porte. Ces valeurs sont la dignité, l'estime de soi et le respect des autres. Les bamanan diraient "horonya, dambé et niogonbogna". Alors en plus de la légalité ayons un peu plus de souci pour la légitimité dans nos processus politiques et institutionnels. Car tout ce qui est légal n'est pas forcément légitime et porteur de valeurs. Pensons-y et travaillons-y pour sauver le Mali.
Bonne et heureuse année 2014
Ousmane SY


Commentaires

Unknown a dit…
C'est bien de lancer le débat! On doit commencer par une Charte des Partis Politiques: il faudrait exiger 8000 membres payants, avec au moins 1000 dans chacun de 5 provinces or grandes villes...... sinon la credibiité des partis restera néant.
amitiés fraternelles, Robin Poulton

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