Seule une large convergence des forces politiques peut sauver le Mali

Le mercredi 4 octobre 2017, la 2ème édition de la journée nationale de la police malienne a été célébrée. Cette commémoration m'a remis en mémoire le lynchage d'un policier, le jeudi 10 août 2017 dans l'ACI 2000 à Bamako, suite à une altercation entre lui et une foule en colère. Mon propos n'est pas de défendre ou de condamner le policier lynché ou la dame houspillée selon la presse. Cette responsabilité revient aux autorités en charge de la justice et aux parties civiles concernées. 

Je rappelle simplement que le policier, au delà de l'individu qui est dans la tenue, symbolise les vertus que l'Etat, ses institutions et son administration doivent incarner. Il doit être le gardien de la paix dans la cité. Il doit être le gardien de notre sécurité individuelle et collective. Il doit être le secours et le recours le plus proche en cas de danger sur nos personnes et nos biens. Bref, il doit être le garant du respect des règles du vivre ensemble. Mais aujourd'hui au Mali nous sommes loin du compte

Quant le respect des règles n'est le souci de personne, même pas des autorités qui doivent donner le bon exemple, le vivre ensemble devient illusoire, voire impossible. Nous construisons une jungle quant les "gardiens de la paix" deviennent une menace pour la paix, parce qu'ils n'ont rien appris des règles qui justifient leur engagement d'être au service du public, de mettre le faible à l'abri du plus fort et de mettre l'intérêt général au dessus de leur intérêt personnel. Au lieu d'une République, nous avons installé une jungle dans laquelle les plus fortunés, les audacieux sans scrupules, les médiocres qui n'ont rien appris, font la pluie et le beau temps. Ainsi, les justiciers de circonstance comme Iyad Ag Ali, Amadou Kouffa et autres deviennent des idoles d'une foule d'anonymes que plus rien ne peut plus guider, ni arrêter. Pouvons-nous nous résigner face à cette situation ? Je pense que non. 

La journée nationale de la police offre l'occasion de lancer une alerte aux citoyens que nous sommes tous sensés être. Il est plus qu'urgent de comprendre que notre pays est malade de l'obsolescence de ses choix politiques et institutionnels.  Le pays et le monde ont évolué, nos choix ne peuvent demeurer statiques. Il est plus que temps de sortir du déni de réalité qui consiste à croire que le modèle actuel d'Etat peut être conserver ou que l'on peut retourner à l'Etat des pères de l'indépendance. Actuellement, tout ce qui symbolise l'Etat n'inspire plus le respect aux yeux des "citoyens" qui se sentent affranchies des lois que les législateurs et les autorités elles mêmes sont les premiers à violer et des principes et des règles du  vivre ensemble.  Les réformes qui peuvent sortir le Mali de la crise actuelle seront difficiles et longues. D'où l'impérieuse nécessité d'une Plateforme pour sauver le Mali bâtie sur une large convergence de forces politiques pour une transition démocratique et républicaine. 




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