Entre le Mali contemporain et l’Etat décentralisé, c’est une longue histoire de promesses non encore tenues

  1. Bakara Diallo, militant et cadre éminent, de l’USRDA et proche collaborateur du Président Modibo Keita, a déclaré à son investiture comme premier gouverneur de la région de Gao en juillet 1961 que : « l’institution des régions[1], qui comme tout le monde le sait, consacre la politique de large décentralisation administrative, à laquelle l’Union Soudanaise et son gouvernement ont donné leur choix comme étant la seule pouvant convenir à un pays aussi vaste et aussi divers que le Mali » et d’ajouter que « la décentralisation s’impose au Mali comme une nécessité à laquelle on ne peut, en toute objectivité, que se pilier ». 
  2. S’adressant aux participants, à la clôture du séminaire sur la planification décentralisée, en février 1987 à Gao le Général Président Moussa Traoré et Secrétaire général de l’UDPM a déclaré : « enfin vous avez su dépasser l’argument facile lié au manque de préparation des populations pour la gestion de leurs affaires, le risque d’improvisation et le caractère prématuré de la réforme. C’est là faire peu de cas de la maturité des populations ».
  3. A son investiture comme premier President de la République démocratiquement élu du Mali le 8 juin 1992 Alpha Oumar Konaré a déclaré « pour moi, le meilleur passeport du Mali pour son entrée au troisième millénaire se trouve être ce vaste chantier de la décentralisation qu’en 1992, j’ai inscrit au rang de priorité »
  4. Dans son discours à l’occasion de la séance plénière du Parlement européen réuni à Strasbourg en septembre 2010 le Président Amadou Toumani Touré s’est engagé sur la décentralisation en disant que : « L’évolution politique et institutionnelle du Mali fera toujours une place de choix à la décentralisation ». Pour ensuite rappeler « que le pouvoir dans nos grands empires, depuis le 10ème siècle, était décentralisé ».
  5. En faisant adopté par le gouvernement le document d’orientation politique de la décentralisation intitulé : « La régionalisation au cœur du développement institutionnel et territorial » en 2014 le Président Ibrahim Boubacar Keita parlait de la régionalisation « comme la nouvelle phase de la réforme de décentralisation qui, à travers le développement institutionnel et territorial, ouvre la voie à l’instauration de nouveaux rapports entre l’État central et les collectivités territoriales basés sur le partenariat et la régulation ». 
  6. Trente deux (32)ans après la Conférence Nationale de 1991, qui avait déjà recommandé « la levée de toutes les entraves qui s’opposaient à la mise en oeuvre de la réforme de décentralisation », quatre vingt (80)% des participants au processus des Assises Nationales sur la Refondation, tenue du 11 au 30 décembre 2021 sur tout le territoire national, ont demandé d’aller à un État unitaire décentralisé pour bâtir le Mali Koura. 

 



[1] La loi 60-5 AL/RS du 21 juin 1960 avait créé des régions dotées de la personnalité civile et de l’autonomie financière avec des assemblées régionales dont les membres sont élus au suffrage universel

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